Si je vous demande un whisky pur feu ? [FREE]

J'étais sortie prendre l'air, parce que j'en avais cruellement besoin. Heureusement, c'était la sortie à Pré A Lard et, bien que je sois en septième année, cela faisait bien trois ans que je n'y avais pas remis les pieds. Je n'étais plus une adolescente boutonneuse qui rit sous cape en allant chez Zonko pour faire une blague. J'étais majeure, je devais agir comme telle. Et là, je devais faire face à une putain de réalité.
J'étais entrée dans ma chambre de Préfète en Chef. J'étais sereine, autant que je le pouvais, arrogante, froide, et puis sadique. Jusque là, rien de spécial. Quand j'ai reçu ma lettre. Cette Lettre, LA lettre. Envoyée par un hibou anonyme. Un hibou noir. Une lettre en parchemin neutre, rugueux au toucher. Je ne me doutais de rien, je l'ai ouverte en espérant que ce serait une missive de mon père. J'avais tout faux, elle me demandait, elle me sommait de rejoindre les Mangemorts. Mon père était mort. Tué par un ivrogne, dans une ruelle de Londres. Tué par un MOLDU. Tué par quelque chose de vivant, voilà tout. Je n'aurai jamais imaginé qu'il meure. Jamais. Je me le voyais comme quelqu'un d'immortel, de résistant ! J'adorais mon père. Je le vénérais. Il était tellement à mes yeux, pour moi, il n'était pas une ordure. Edward Hanson n'était pas une ordure. Il faisait ce qu'il croyait être bien, ce que ses parents lui avaient dit, ce qu'il m'avait dit aussi, quand j'étais petite. Les moldus règnent sur notre monde, ils croient que nous n'existons pas. Ce sont à eux de vivre traqués, ils sont honteux, ils n'ont pas de pouvoir magique. Ce sont aux êtres supérieurs de gouverner, Elizabeth.

J'essuyai une larme. Je ne devais pas pleurer. Il avait été déshonoré et je devais tout faire pour qu'il récupère sa fierté et son honneur. Je ne savais pas comment, mais j'allais prendre contact avec le Seigneur des Ténèbres. Celui qu'il a tant servi, celui qui l'a aidé à accéder au rang des plus forts. Edward Hanson était craint, très craint, par ceux qui le recherchaient.

J'avais peur. Peur de ce qui pouvait m'arriver à présent. Maintenant j'étais livrée à moi même. Il m'avait toujours protégée, aimée, aidée. Et il était parti. Il m'avait laissée. J'avais si peur et si froid.

Le lendemain, j'ai décidé d'aller à Pré Au Lard. J'irais boire un verre aux trois balais, et je réfléchirais. Ces couloirs noirs de monde, je ne les aimais plus depuis un long moment, déjà.

J'entrai au trois balais, et je m'assis à une table. Rosmerta finit par arriver. Elle me demanda ce que je voulais avec un regard froid. C'était ma faute, je lui avais déjà fait quelques crasses auparavant, des répliques cinglantes.

- Vous avez du Whisky pur feu ?
- C'est une blague ?
- Je suis majeure !
- Je ne sers pas de boissons aussi alcoolisées à des élèves de Poudlard !
- Bon, quelle est la boisson la plus alcoolisée que vous pouvez me servir ?
- Hydromel.
- Ramenez moi un hydromel, alors, fis-je avec une voix dédaigneuse.

Elle repartit et je me pris la tête dans les mains. La serveuse me rapporta mon hydromel et je commençai à boire, ailleurs, quand quelqu'un tira la chaise en face de moi et me demanda :

- Je peux m'asseoir ?

La sortie à Pré-au-Lard était aujourd'hui. J'adorais ces sorties. Pas que je n'aime pas le chateau. Non, c'est juste que c'était le seul village sorcier que je connaissais. Et que je connaisse!
C'est donc avec entouthiasme que je traversait le parc et la grille du chateau de Poudard pour me rendre à Pré-au-Lard.
Une fois arrivée sur place, je regardais toute les boutiques comme si je ne les avait jamais vus. J'ai fait un tour à la poste envoyer du courrier à mon père. Certainement pas à ma mère... elle ferait une crise cardiaque si elle voyait une chouette en plein jour... Je suis passé également chez Zonko, la boutique de farce et attrape acheter quelques bombabouses, des bonbons à hoquet, quelques pétard du docteur Flibuste. Il fallait que je refasse ma réserve. Je n'avait plus rien, vu que j'en avais utilisé sur une fille à Serpentard. Elle m'avait énervé avec ces airs supérieurs. Je me suis vengé. Pfff..A tout bien réfléchir, je me suis demandé si j'aurais mieux fait de m'abstenir... Je me suis ensuite dirigée vers Honeydukes. J'adore leur patacitrouille et leur chocogrenouille et leur fameuse bulles baveuse. Hé hé...gare à celui qui en mangera! Une fois mes achats finis, je me suis dirigée vers la cabane hurlante. J'adore cet endroit...La cabane est parfois effrayante mais elle inspire quelque chose de malsain et qui me fascine à la fois...C'est très étrange...Je restais là, à la regarder une bonne heure avant de retrouner au village, mon après midi se terminant. Sur le chemin du retour, je vis au passage les trois balais. Tiens! Pourquoi pas acheter un de leur jus d'oeilllet? C'est avec cette nouvelle idée en tete que Crystall traversa la rue pour enfin franchir la porte des trois balais. Malheuresement, c'est blindé. La seule table où il reste de la place c'est avec..Elizabeth Hanson?!? Qu'est ce qu'elle faisait là? Bon elle ne lui a jamais parlé mais elle avait entendu parlé d'elle. A ce qui parait, une vraie garce de Serpentard. En plus en septième année. Décidement, aujourd'hui n'est pas un jour basé sur la chance mais bon...On était hors de Poudlard, dans un bar bourré de monde. Qu'est ce qui pourrait lui arriver? Oui, Crystall avait peur d'Elizabeth...Elle inspirait intimidation et froideur mais là...A bien regarder, elle inspirait plutot la pitié avec son verre d'Hydromel (surement) en main et ses yeux gonflés et rouge comme d'avoir trop pleuré ou justement, qui ne peuvent pleurer...C'est donc avec une nouvelle force que Crystall tira la chaise assise en face d'Elizabeth en lui disant:

-Je peux m'asseoir?

Elle n'avait pas attendue de réponse qu'elle le fit. Elle demanda à Rosmerta qui était arrivée un verre de jus d'oeillet en murmurant et regarda Elizabeth qui semblait aller s'effondrer à tout instant. Elle attendit qu'une réponse se fasse.

J'étais sans réaction. Je tenais mon verre d'hydromel et je le fixais comme si j'avais pu me noyer dedans. Ah, et si j'allais me noyer ? Ressaisis-toi, Elizabeth. Y'a une fille, en face de toi, qui s'est assise. Tu es farouche, tu ne dois pas laisser les gens s'asseoir. Oh, et puis merde. Je n'étais pas en état de tergiverser.
J'étais mal, trop mal, et je devais me ressaisir. Je ne devais pas pleurer non plus. Mes yeux, non habitués aux larmes et même à l'abstinence de larmes, devaient s'irriter. Les gouttes d'eau salées tentaient de franchir la barrière de mes paupières, qui se fermèrent instinctivement pour ne pas les laisser passer. Pleurer est une faiblesse. D'aussi loin que je me rappelle, la seule fois où j'ai réellement pleuré, j'avais un an, et, d'après mon père (mon coeur se serra à la seule pensée de cette personne) c'était parce que mon elfe essayait de me sermonner, et je pleurais de rage. Une larme, plus rapide que les autres, tomba de mes cils, devenus humides, et s'écrasa sur la table en bois vermoulu en faisant un "ploc" sonore, trop sonore. Je me mordis la lèvre et serrai le verre de mes deux mains. Je ne devais pas pleurer, je ne devais pas lui faire ça. Pas à lui. Je contemplai mon bras gauche, qui se crispait. Bientôt, j'aurai une marque noire brûlante à la place de ce bras. Je tressaillis. J'avais peur, tellement peur de ce qui pouvait m'arriver, si je me trompais dans une mission. Je me sentais trop jeune, bien trop jeune pour entrer dans ce monde fermé et sans pitié. Je n'était pas censée recevoir de pitié, bien sûr, mais j'avais peur de ce qu'ils pouvaient me faire. J'avais déjà eu des rapports sexuels bien entendu... Mais jamais forcés. Et j'avais déjà entendu dire que les femmes, là bas, se faisaient violer à longueur de temps. Je ne voulais pas finir salie par ces homme, brutaux. J'étais brutale, moi aussi, mais pas de la même manière... Je ne forçais jamais, au grand jamais les gens. C'était la méthode la plus atroce que je trouvais aux Mangemorts, et d'après mes sources, mon père avait violé plusieurs jeunes femmes moldues, et on s'était violemment disputés quand j'ai entendu cette nouvelle. Mais maintenant, il était pardonné, pas vrai ?
En attendant, j'étais plongée dans mes pensées, mais la fille devant moi me regardait sans savoir quoi dire ni quoi faire. Je relevai la tête, les cils humides. Elle me dévisageait, elle semblait avoir un peu peur de moi, même si j'étais dans un état lamentable. Je me sentais si mal, j'avais une sensation de vertige. J'allais m'évanouir, si je ne faisais rien. Je décidai de parler, pour m'aider un peu.

- Tu n'as pas attendu de réponse pour le faire, à ce que je vois. Tu n'as pas peur de t'asseoir à côté de moi ? Après tout, j'ai une réputation de tueuse, fis-je avec une ironie et un sarcasme palpables dans la voix.

Je regardais Elizabeth en face de moi. Une larme coula le long de sa joue pour finir sur la table. Puis elle releva la tete et me dit:

- Tu n'as pas attendu de réponse pour le faire, à ce que je vois. Tu n'as pas peur de t'asseoir à côté de moi ? Après tout, j'ai une réputation de tueuse.

Pff...Toujours ce sarcasme et cette manie d'etre fière. Non là, Crystall n'avait pas peur et semblait en colère. Elle allait mal et elle se laissait guider par sa fierté pour y faire face!!! Crystall répondit une lueur de défi dans le regard:

-Pourquoi aurais-je attendu de toute façon. Si je l'aurais fait, je parie que tu aurais refusé.

Crystall but une gorgée de son jus d'oeillet. Exquis! Elle s'adossa sur le dossier de la chaise et pris une pose comme si elle était détendu. Mais elle restait sur ses gardes, sa baguette à porté de main. On est jamais trop prudent...Crystall continua ses propos:

-Non, je n'ai pas peur de toi. Mais je sais de quoi tu es capable. Meme si je ne t'ai jamais vu, tu fais pas mal de remous à l'école.

J'avais dit la dernière phrase en souriant à cette idée. Elle l'avait complimenté en quelque sorte. Crystall regarda par la fenetre et dit:

Ecoute, tu peux mettre ta fierté de coté. Je sais pas ce que tu as mais c'est quelque chose d'important pour que tu perde le controle de toi meme... Moi aussi, je suis passé par là. Enfin je ne sais pas ce que tu as hein, mais je veux dire, que moi aussi j'ai ressenti une grande tristesse à un moment de ma vie au point que je me suis dit à quoi servait-elle au final puisqu'elle nous fait souffrir et que meme si on lui resiste, la mort est au bout du chemin comme une fatalité. Donc à defaut de ne pas comprendre la cause, je sais les conséquence.

Elle avait dit ces mots, une pointe de tristesse dans sa voix et une éclat de douleur. Se remémorer cette page de son histoire malgrès les années est toujours difficile. Elle attendit une réponse d'Elizabeth avant de continuer.

Je n'y croyais pas moi même. J'avais l'impression d'évoluer dans un gros cauchemar, que mon père serait là à mon réveil pour me rassurer, comme quand j'avais trois ans. Mais non, la souffrance irradiait dans mon corps, donc je ne devais pas rêver. J'avais une fille de Gryffondor assise devant moi, un jus d'oeillet à la main, et je ne la dégageais pas violemment comme à mon habitude. Je regardait mon hydromel comme si je pouvais éclipser tout ce qu'il y avait autour de moi pour me focaliser uniquement sur ce liquide ambré au goût de miel.

-Pourquoi aurais-je attendu de toute façon. Si je l'aurais fait, je parie que tu aurais refusé.

J'esquissai un faible sourire. Pas trop bête, la lionne. Cependant, je ne trouvai pas la force de répondre. Le fait d'entendre parler quelqu'un me rassurait au plus haut point, déjà.

-Non, je n'ai pas peur de toi. Mais je sais de quoi tu es capable. Meme si je ne t'ai jamais vu, tu fais pas mal de remous à l'école.

Là, je ne pus m'empêcher de sourire plus franchement. Ce compliment la touchait. Après tout, elle avait toujours tout fait pour se faire remarquer, respecter, craindre et détester. C'était son rôle de Préfète en Chef sadique...

- Merci. Tu sais, je n'aurais jamais pensé t'adresser la parole, si tu n'étais pas venue me voir. T'as pas froid aux yeux. Le courage légendaire des Gryffondor...

Je n'avais pas pu m'empêcher de lancer une pique à l'intention de sa maison. On ne change pas comme ça ...

Ecoute, tu peux mettre ta fierté de coté. Je sais pas ce que tu as mais c'est quelque chose d'important pour que tu perde le controle de toi meme... Moi aussi, je suis passé par là. Enfin je ne sais pas ce que tu as hein, mais je veux dire, que moi aussi j'ai ressenti une grande tristesse à un moment de ma vie au point que je me suis dit à quoi servait-elle au final puisqu'elle nous fait souffrir et que meme si on lui resiste, la mort est au bout du chemin comme une fatalité. Donc à defaut de ne pas comprendre la cause, je sais les conséquences.

Je relevai la tête, interloquée. Apparemment, elle avait déchiffré mon attitude mieux que je ne le pensais.

- Tu sais, ma fierté, c'est tout ce qui me reste. Mais je la met de côté, si tu veux, juste pour une fois, parce que j'ai besoin de parler à quelqu'un et que c'est probable que ce soit toi. Je ne perd pas le contrôle. Je... Je me pose des questions. Disons que je n'arrive pas à savoir de quel côté aller maintenant que mon père est mort. Et la vie me fait souffrir atrocement mais maintenant que je suis seule, je dois aller de l'avant. Mon père s'est fait tuer par un moldu ivre mort... Alors qu'il a survécu au courroux du Seigneur des Ténèbres. C'est pitoyable...

Putain, je sentais que si je continuais à fixer ce verre d'hydromel comme ça j'allais m'évanouir. Je me promis de parler à Rogue, en rentrant. Pour le questionner sur son appartenance à un camp. Je commençais à réfléchir sur la véritable orientation que je souhaitais prendre. Avais-je envie de suivre ce mégalomane assoiffé de pouvoir, pour tuer des gamines et me faire violer ? Assurément, ce n'était pas le côté le plus attrayant de l'histoire. Par contre, je souhaitais ardemment faire honneur à mon père, que j'idolâtrais... Mais ne m'avait-il pas dit, lui même, qu'il ne savait plus bien ce qu'il faisait ? Je ne savais pas, je ne savais plus. J'avais conscience que je me questionnais trop, et que cela pouvait abattre la fureur du Seigneur des Ténèbres sur moi. Mais que pouvais-je faire ? Je ne voulais pas ressembler à Narcissa Malefoy ... Non, elle était bien trop soumise et il y avait trop de tristesse dans ses yeux pour que je devienne comme elle.

Je ne savais plus quoi penser. Et puis il y avait cette fille, devant moi, que je ne connaissais pas, que je ne voulais pas connaître ; qui s'immisçait dans ma vie, dans mon chagrin, tranquillement. Elle essayait de me parler et même si elle était à Gryffondor, elle m'était sympathique. Peut-être pourrions nous avoir un début d'amitié, toutes les deux, si j'avais une réputation moins terrible et moins raciste... Mais après tout, je n'y étais pour rien. Je ne savais absolument pas où j'en étais et le chagrin émoussait mes sens.

-Je sais ce que c'est que de perdre un proche. J'ai perdu ma grand mère moi aussi. J'avais sept ans lorsque cela était arrivé. Je la considerais comme une mère pour moi. Pour tout te dire, je passais plus de temps avec elle qu'avec mes propres parents. Et depuis maintenant deux ans, ma mère m'ignore complétement. Elle m'envoie des cadeaux pour mes anniversaire mais elle n'ai jamais là. j'ai du la voir une ou deux fois depuis deux ans et à chaque fois cela part en engueulade.

Je l'avais écouté parler sans rien dire et sans relever la tête. Je me sentais faible et nauséeuse. Cette fille avait perdu sa grand mère. Moi, ma grand mère ne voulait plus entendre parler des Hanson, ma mère et ma tante étaient morte et mon père aussi. Et l'autre poufiasse ne donnait plus de signe de vie depuis plusieurs jours. Tant mieux, je ne recevais plus ses lettre horripilantes, truffées de fautes d'orthographe, qu'elle tentait de cacher derrière un langage distingué qu'elle volait aux Malefoy et à mon père. Dans un sens, l'ironie du sort était présente : elle, sa grand mère, elle l'aimait plus que tout et elle est morte, et sa mère ne veut plus lui parler ; tandis que moi, mon père, je l'aimais plus que tout aussi et ma grand mère ne voulait pas me parler. Au moins avait-elle encore un parent de vivant...

Je vis qu'elle payait le jus d'oeillet et l'hydromel et je lui lançais un regard de remerciement. Je me promis de lui payer un verre, un de ces jours, ou de la rembourser grassement. Pour tout. Puis je me mis à contempler mes mains, comme si elles ne m'étaient jamais apparues de ma vie.

-On sort? Ce sera toujours mieu que de regarder ton verre comme s'il pouvait te librer de tout.

Je me relevai, vacillant légèrement sur mes jambes, tandis que nous sortions de l'échoppe. L'air frais me caressa le visage et je fermai un instant les yeux pour mieux savourer cet effleurement. Ensuite, je reportai mon attention sur Crystall.

- Tu sais... J'ai plus personne, maintenant. Ma mère est morte. Mon père s'est remarié avec ma tante. Elle est morte aussi. Ensuite il s'est marié avec Nadejda (à ces mots, je ne pus retenir un sifflement de mépris). Et ma grand mère, qui n'a pas supporté de voir ses deux filles mourir simultanément, nous a définitivement chassés de Russie. Ensuite, mon père est mort. Je suis toute seule... Je commence à réfléchir. Je me demande si il ne vaudrait pas mieux que je rejoigne l'Ordre du Phénix, avant de recevoir ma Marque... Surtout, ne le dis à personne !

Je m'étais tournée vers elle en exprimant sur mon visage toute la frayeur que je pouvais avoir. Puis je fondis en larme, craquant en plein milieu de la grand-rue de Pré-Au-Lard.

A travers mes larmes, je voyais le visage de Crystall passer de la surprise de ma révélation à l'effarement le plus complet. Elle devait me prendre pour une folle. Elle me prit soudain par le bras et m'entraîna d'une démarche décidée vers la Cabane Hurlante, qui était squattée par trois mômes, qui regardaient l'étrange bâtisse avec envie. Crystall s'avança vers eux en disant :

-Tss tss tss...Qu'est ce que j'entends là? On veut y aller? Mais allez y! Mais prenez garde à ne pas vous faire tuer... Des fantomes plutot méchant s'y promène souvent et à n'improte quel heure de la journée. Si je serais vous, je partirais d'ici...

Les trois enfants s'enfuirent, pâles comme la mort. Je ne puis retenir un petit ricanement méprisant, en voyant ces petits garçons avoir peur d'une chose aussi désuète que des fantômes... Enfin bon, je pense que leurs parents ont cru bon de protéger leur innocence en les préservant du terrifiant récit, que concrétisait le Seigneur des Ténèbres. Crystall me fit signe de s'asseoir près d'elle. Je m'éxécutai comme un automate, et fixai un point dans le vide que même moi, je ne pouvais savoir ce que c'était. Apparemment, ça avait un rapport avec la forêt interdite qui s'étalait bien au delà du château...

-Je suis désolée, sincerement pour toute ta famille. Cela doit etre terrible. La dessus je ne peux te comprendre. Après tout j'ai toujours mon père pour me soutenir. Et je dois avouer que je ne sais pas ce que je ferais sans lui. Et c'est à cause de sa mort que tu souhaite te faire poser la marque? Mais pourquoi l'ordre du Phoenix? Jouer le role d'espion est très risqué si c'est ce que tu souhaite...

Je ne savais pas moi même. Je ne savais plus rien. De quoi étai-je sûre ? Je ne pensais qu'à moi, durant ces quelques dernières années. Je ne pensais qu'à terroriser les gens. La mort de mon cher et tendre paternel m'avait au moins fait comprendre une chose : le monde ne se résumait pas qu'à mon nombril. La preuve, un moldu l'avait tué.

- Ma famille, tu sais, je ne l'ai pas bien connue. Une bande d'aristos russe, sang pur, qui se pensaient au dessus de tout parce qu'ils étaient les descendants d'un lointain personnage puissant et craint... Un mage noir. Ils avaient des manières de dingues, de sales racistes, et mon grand père maternel, son passe-temps favori, c'était de violer les gamines de seize ans qui passaient devant son manoir. Ensuite, il lui balançait un sortliège d'oubliettes, pour que la pauvre fille ne se souvienne pas de lui, mais de ce qu'il avait fait. Je ne souhaite plus rien. Me faire poser la marque ? Je ne sais absolument pas à quoi ça me mènerait. Je pense que je peux jouer un double jeu en attendant, histoire de voir après à quel camp j'appartiens le plus... J'ai tellement peur d'être une femme soumise et violentée. Tu comprends, avant, ma famille m'avait imprégné dans l'esprit le fait qu'exterminer les Nés-Moldus était la meilleure chose à faire pour le monde sorcier. J'ai grandi dans cette idée. Mais maintenant je me rend compte que ce n'est pas... La Bénédition, comme ils l'appellent entre eux.